Anthony et Mathieu - 2 paddlers originaires du Cotentin - se sont engagés dans la descente d’une portion de la Loire - le dernier fleuve sauvage d’Europe - ce mois de juin 2018, désireux de se lancer un défi sportif mais aussi curieux d’en savoir plus sur l’état de la rivière, le tout en autonomie totale, entre Chaumont sur Loire et Saumur.

Les objectifs principaux de cette expédition se résument ainsi:

. repérer les zones d’accumulation de macro déchets aquatiques et dresser un inventaire des déchets flottants,

. réaliser des prélèvements d’eaux et analyses chimiques, en identifiant les quantités de nitrates et de phosphates contenues dans les échantillons (en collaboration avec notre partenaire Fresh Water Watch),

. sensibiliser le grand public aux pollutions plastiques et chimiques.

Peu de déchets ont été rencontrés sur les trois départements suivants, entre Chaumont sur Loire (41), Tours (37) et Saumur (49), en dépit de la présence de deux frigidaires le long du parcours. Le niveau d’eau et débit du fleuve étaient importants pour la saison comme en atteste les relevés Météo France, ce qui peut expliquer la très faible proportion de déchets détectés, qui ont pu être emportés lors de la montée des eaux. Tristement, les déchets visibles ne sont souvent que la partie immergée de l’iceberg.

Les mesures chimiques sur les portions amont sont alarmantes : dans l’ensemble le niveau de turbidité est élevé, ce qui a pour conséquence de nuire à la vie aquatique en réduisant l'approvisionnement alimentaire. Il faut cependant garder à l’esprit le fait que la Loire était presque en crue, ce qui explique ce fort taux. Occasionnellement, le niveau de nitrate est très élevé, notamment à Vouvray sur la Cisse, les sources de cette pollution incluant le lessivage d’engrais, l’élevage, et le déversement d’eaux usées.

Les premiers jours de rame ont permis à nos Waterterkers de se familiariser avec l’art et la manière de naviguer en eau vive avec 30 kg de matériel, nourriture et eau à leur bord, mais aussi d’apprécier la magnificence de ce fleuve sauvage et ses décors changeants. Les bivouacs ont été des moments privilégiés avec les éléments naturels : contemplation et sérénité au rendez-vous.

Les rencontres furent nombreuses, sur l’eau ou à terre, comme à Amboise où un jeune kayakiste leur a raconté qu'il rentrait chez lui à Angers par le fleuve, et à Bréhémont où des Malouins ont partagé leur passion pour la navigation fluviale en bateau traditionnel - la gabare - sur fond d'histoire mystérieuse de ces étonnants géants des fleuves, les silures. A terre, les planches de paddle furent également l’occasion d'échanger sur l’originalité de cette embarcation. Ce fût même à Chouzé-sur-Loire l'occasion de partager un verre de l'amitié.

Cette aventure enrichissante et utile fut une expérience mémorable pour nos deux compères, qui ont su attiré l’attention de nombreux curieux et expliquer leur démarche, elle présage par ailleurs de nouveaux projets.

Pour la seconde fois cette année, Watertrek - en la personne de sa cofondatrice Séverine - rejoignait le voilier scientifique d’Expédition MED affrété par Bruno Dumontet afin de participer à une campagne d'étude des microplastiques en Méditerranée. Après la région de Gènes en 2016, c’est entre Pescara et Venise que Séverine a rejoint le Ainez, le navire du fidèle capitaine Giulio Cesare Giua. Comme l’an passé, l’objectif est de réaliser, à l’aide d’un filet manta calibré, des prélèvements des débris flottants durant 30 minutes afin d'en extraire les plastiques et microplastiques. Le nombre d'échantillons à collecter et les zones d'échantillonnage sont définis en amont par l’équipe scientifique constituée de Tosca Ballerini (docteur en biologie marine), Marion Philippon (service civique au sein d'Expédition MED), Jérémy Mansui (docteur en océanographie) et Laura Frère (docteur en biologie marine). Notre rôle consiste à déployer le filet manta à la surface de l’eau, respecter un cap pendant 30 minutes, puis le remonter pour en extraire le contenu. Les éléments végétaux sont d'abord retirés (herbiers, aiguilles de pin, feuilles), les organismes gélatineux comme les méduses et les béroés sont retirés de l'échantillon, reste un agrégat de plancton, larves et…microplastiques qu’on assèche au maximum. Cet agrégat est ensuite stocké dans de l'éthanol 70 % en attendant d'être analysé par Marion Philippon au sein de l'Université de Bretagne Sud. Ces analyses permettront d'estimer la quantité de plastique présente dans ces échantillons.

Nouveauté cette année : à ce protocole de prélèvements s’est ajouté un protocole de bactériologie, plus délicat, dont l’objectif est d'étudier la "plastisphère" c'est à dire les communautés de micro-organismes qui colonisent les plastiques. Cette recherche est menée en partenariat avec les biologistes Linda Amaral-Zettler et  Erik Zettler (NIOZ-Royal Netherlands Institute for Sea Research), les inventeurs de ce terme "plastisphère". Le plastique est imputrescible, il est donc un milieu formidable pour les virus et bactéries qui ont besoin de stabilité pour se développer. Cela signifie qu'ils sont une siège parfait pour les épidémies, remettant en question le rôle sanitaire des étendues marines qui jusqu’ici permettaient les mises en quarantaine. Que ce passe t’il si la mer ne peut plus nous protéger de certaines proliférations, mais au contraire les encourage par le biais du plastique qu’elle accueille ? C’est pour tenter d'apporter un début de réponse à cette question que ce nouveau protocole va être mis en place à bord du navire, protocole qui exige que nous soyons particulièrement vigilants à ne pas laisser de traces de notre propre ADN sur les échantillons. Nous choisissons un morceau de plastique suffisamment grand dans l’échantillon, le coupons en 3 morceaux : le premier servira à observer les micro-organismes par la microscopie électronique à balayage, le second à identifier les communautés bactériennes par extraction de leur ADN, et le troisième à une analyse chimique afin de confirmer la nature plastique du morceau. Résultat de nos efforts dans quelques mois.

Etre à bord d’Exédition MED, c’est aussi avoir le bonheur de naviguer en compagnie d’un capitaine hors-pair et extrêmement sympathique. Exploration gastronomique des mets italiens, mouillages inattendus et confidentiels, quart de nuit sous l’éclipse, aventures en tout genre: cette année encore Giulio nous a soigné. Malgré le fait que naviguer dans la lagune vénitienne est particulièrement délicat avec un tirant d’eau 1,50m, Giulio nous a fait découvrir des endroits incroyables, et notamment l’île de Pelestrina, un oasis d’authenticité au coeur de la lagune qui nous a gratifié d’une soirée exceptionnelle alors qu’un gars de village accompagné de son accordéoniste et d'une sublime chanteuse d’opéra a offert aux locaux un concert a cappella sur la place du village aussi sincère qu’inattendu. Déficellées du ponton, les habitants de l’ile ont apporté leurs chaises pour s’installer devant l’église accompagner leur ténor dans son répertoire de chansons traditionnelles vénitiennes. Du pur Giulio: généreux, vrai, surprenant. Parce que notre amour pour la voile n’a d’égal que notre amour pour la mer et que c’est exactement pour cela qu’il nous tient tant à coeur de la protéger. 

Pour la toute première fois, des watertrekers ont évolué sur le canal Saint-Martin en plein cœur de Paris. S’associant à une opération de sensibilisation lancée par la Maison du Canal, riverains, Parisiens et paddlers se sont mobilisés pour la propreté des berges et des eaux du 10ème arrondissement et ont collecté des déchets flottants, déterminés à attirer l’attention du grand public sur notre gestion des plastiques. Il faisait beau ce samedi dans la plus belle ville du monde et ils sont nombreux à avoir réagi à la présence inattendue de nos valeureux nettoyeurs en SUP. 

https://vimeo.com/135889570

Watertrek organisait pour la première fois une collecte de déchets en Sup en collaboration avec son partenaire Surfrider sur les bords de Marne à Joinville-le-Pont, ce 24 mars 2014, la toute première pour l'association. Le protocole scientifique Initiatives Océanes - un programme de collecte de déchets lancé par la célèbre ONG il y a 20 ans tout juste - permet d'attirer l’attention du grand public sur l’impact des déchets aquatiques qui salissent nos rivières, lacs, mers et fonds marins et de compter et classer leurs types. La nature et la provenance de ces déchets sont ensuite étudiées, ces données permettent d’effectuer un état des lieux précis et de proposer des réglementations adaptées.

« Jeter par terre, c’est jeter en mer »: 80% des déchets qui jonchent nos plages sont d’origine continentale, d’où la pertinence d’une campagne d’envergure notamment dans les villes, comme ici à Joinville, où une joyeuse équipe de watertrekers a participé à l’opération en collectant les déchets présents sur le canal de Polangis, un tout petit bras de Marne magnifique au pays des cygnes et des guinguettes. Ils ont bravé le froid, la pluie et un ciel gris sombre pour récupérer pneus, console de jeux, sacs plastiques et canettes…ça valait bien un petit vin blanc qu’on boit sous les tonnelles, quand les rameuses sont belles du coté de Nogent…

Bravo et merci à Xavier, Vassili, Eric, Virginie, Caroline, Frédéric, Denis, Cécile, Benjamin, Noé, Flavien et Jean-Baptiste du Club Le Grand 8 pour cette première. 

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