Venise, sur le papier, c’est le paradis du paddle, la ville parfaite pour les amoureux de l’eau, les amoureux des bateaux, les amoureux des canaux, les amoureux tout court. Certes...mais ça fait beaucoup d’amoureux tout ça!! Chaque année, 2 rassemblements majeurs offrent la possibilité aux paddleurs de profiter de la ville et de ses nombreuses voies d’eau: la Vogalonga, un parcours historique de 30 km qui rassemble plus de 1500 embarcations à rame en mai ou juin, et Surfin’ Venice plus court et plus modeste en août. J’ai opté pour la seconde option le temps d’un week-end.
Je n’avais jamais mis mes tongs à Venise auparavant…alors forcément, sortir de l’aéroport pour monter dans un Vaporetto, prendre le bateau pour rejoindre le centre-ville, évoluer dans un dédale de ponts et vivre sur l’eau, ça ne pouvait que me plaire. La logistique est impressionnante, la ville splendide, l’histoire et l’art présents à tous les coins de rue. Je ne m’étendrai pas sur la qualité de la nourriture et des vins…
RDV est fixé au Mercato ce dimanche matin ou Arginelia de SUP in Venice accueille une grosse centaine de paddlers venus de partout en Europe pour la journée. Dans les rangs, on compte essentiellement des clubs venus de Hollande, de Belgique et d’un peu partout en Italie, quelques couples, 4/5 français, plusieurs groupes de retraitées et d’associations, quelques pirogues et le bateau pédagogique de Gloria Rogliani - Voga - qui initie les enfants aux sports de rame et les sensibilise aux problèmes écologiques de la lagune. Et oui, parce qu’elle est sacrément menacée cette lagune, par l’ensablement avant tout et les vagues par ailleurs. Son avenir est compromis : en gros, soit « la Reine des mers » se sédimentera et deviendra continentale, soit au contraire elle s’insularisera.
Il faut dire que le trafic est très dense sur les canaux et nous sommes les premiers à en faire les frais. Le parcours nous emmène le long du Grand canal vers la place Saint-Marc. Passage magique sous le Rialto: certes c’est splendide et nous avons du public, mais de tels embouteillages sur des voies d’eau, ça ne se voit qu’ici ! du vrai joyeux bordel! La traversée devant la place Saint-Marc pour rejoindre le calme du monastère San Giorgio est tout aussi chaotique : clapot, bateaux, vaporetti, gondoles dans tous les sens, finalement ce parcours est très sportif...
Pause-déjeuner sur un îlot de calme dans l’enceinte du monastère qui fait face au Palais Ducal. Des match-races et autres jeux en SUP sont proposés, avant le retour direct via le Rio Novo. Je suis franchement frustrée de ne pas avoir pu évoluer dans les dédales de petits canaux que proposent la ville, en l’occurrence ceux qui ne peuvent être empruntés par les bateaux à moteur. Nous sommes restés sur les voies les plus larges et les plus denses - au coeur d'une circulation plutôt pénible - quand la taille de nos embarcations nous permettrait une exploration plus au calme et plus exotique.
J'ai profité de mon séjour pour aller ramer le long du Lido. Rien à voir: là on est en mer, le long d'une plage de sable blanc, un décor très différent de celui de la face ouest de l'île. Assez magique de pouvoir profiter d'une telle diversité d'environnement sur un petit espace (et pour les courageux, rejoignez le Lido...en SUP!).
Moralité : si vous souhaitez découvrir Venise en paddle, participer à un des événements est une bonne opportunité de prendre ses repaires, mais pensez à rester quelques jours de plus pour explorer par vous mêmes les canaux « piétons ». La navigation est libre et autorisée, alors à condition de laisser la priorité aux gondoliers, vous pourrez vraiment découvrir la ville dans tout ce qu’elle a de singulier et de magique. Faites vite, d’ici 50 ans, on ne sait pas trop ce que la ville des Amoureux sera devenue…