Pour la seconde fois cette année, Watertrek - en la personne de sa cofondatrice Séverine - rejoignait le voilier scientifique d’Expédition MED affrété par Bruno Dumontet afin de participer à une campagne d'étude des microplastiques en Méditerranée. Après la région de Gènes en 2016, c’est entre Pescara et Venise que Séverine a rejoint le Ainez, le navire du fidèle capitaine Giulio Cesare Giua. Comme l’an passé, l’objectif est de réaliser, à l’aide d’un filet manta calibré, des prélèvements des débris flottants durant 30 minutes afin d'en extraire les plastiques et microplastiques. Le nombre d'échantillons à collecter et les zones d'échantillonnage sont définis en amont par l’équipe scientifique constituée de Tosca Ballerini (docteur en biologie marine), Marion Philippon (service civique au sein d'Expédition MED), Jérémy Mansui (docteur en océanographie) et Laura Frère (docteur en biologie marine). Notre rôle consiste à déployer le filet manta à la surface de l’eau, respecter un cap pendant 30 minutes, puis le remonter pour en extraire le contenu. Les éléments végétaux sont d'abord retirés (herbiers, aiguilles de pin, feuilles), les organismes gélatineux comme les méduses et les béroés sont retirés de l'échantillon, reste un agrégat de plancton, larves et…microplastiques qu’on assèche au maximum. Cet agrégat est ensuite stocké dans de l'éthanol 70 % en attendant d'être analysé par Marion Philippon au sein de l'Université de Bretagne Sud. Ces analyses permettront d'estimer la quantité de plastique présente dans ces échantillons.

Nouveauté cette année : à ce protocole de prélèvements s’est ajouté un protocole de bactériologie, plus délicat, dont l’objectif est d'étudier la "plastisphère" c'est à dire les communautés de micro-organismes qui colonisent les plastiques. Cette recherche est menée en partenariat avec les biologistes Linda Amaral-Zettler et  Erik Zettler (NIOZ-Royal Netherlands Institute for Sea Research), les inventeurs de ce terme "plastisphère". Le plastique est imputrescible, il est donc un milieu formidable pour les virus et bactéries qui ont besoin de stabilité pour se développer. Cela signifie qu'ils sont une siège parfait pour les épidémies, remettant en question le rôle sanitaire des étendues marines qui jusqu’ici permettaient les mises en quarantaine. Que ce passe t’il si la mer ne peut plus nous protéger de certaines proliférations, mais au contraire les encourage par le biais du plastique qu’elle accueille ? C’est pour tenter d'apporter un début de réponse à cette question que ce nouveau protocole va être mis en place à bord du navire, protocole qui exige que nous soyons particulièrement vigilants à ne pas laisser de traces de notre propre ADN sur les échantillons. Nous choisissons un morceau de plastique suffisamment grand dans l’échantillon, le coupons en 3 morceaux : le premier servira à observer les micro-organismes par la microscopie électronique à balayage, le second à identifier les communautés bactériennes par extraction de leur ADN, et le troisième à une analyse chimique afin de confirmer la nature plastique du morceau. Résultat de nos efforts dans quelques mois.

Etre à bord d’Exédition MED, c’est aussi avoir le bonheur de naviguer en compagnie d’un capitaine hors-pair et extrêmement sympathique. Exploration gastronomique des mets italiens, mouillages inattendus et confidentiels, quart de nuit sous l’éclipse, aventures en tout genre: cette année encore Giulio nous a soigné. Malgré le fait que naviguer dans la lagune vénitienne est particulièrement délicat avec un tirant d’eau 1,50m, Giulio nous a fait découvrir des endroits incroyables, et notamment l’île de Pelestrina, un oasis d’authenticité au coeur de la lagune qui nous a gratifié d’une soirée exceptionnelle alors qu’un gars de village accompagné de son accordéoniste et d'une sublime chanteuse d’opéra a offert aux locaux un concert a cappella sur la place du village aussi sincère qu’inattendu. Déficellées du ponton, les habitants de l’ile ont apporté leurs chaises pour s’installer devant l’église accompagner leur ténor dans son répertoire de chansons traditionnelles vénitiennes. Du pur Giulio: généreux, vrai, surprenant. Parce que notre amour pour la voile n’a d’égal que notre amour pour la mer et que c’est exactement pour cela qu’il nous tient tant à coeur de la protéger. 

Eté 2016: Direction la Méditerranée pour une toute nouvelle aventure à bord du voilier de recherche Expédition MED, une association française experte dans le domaine de la recherche sur les microplastiques et la lutte contre le rejet de déchets en mer. Durant une semaine, de Villefranche à Gènes (Italie), Watertrek a eu l’opportunité de participer à une campagne de prélèvement de microplastiques  afin d’estimer le niveau de pollution. La quantité de particules peut en effet parfois atteindre celle du plancton. Ces données sont utilisées pour la publication d’articles scientifiques qui permettent d’interpeller les citoyens. L’association dirigée par Bruno Dumontet a d’ailleurs alerté les autorités européennes avec sa pétition Stop Plastic In The Sea, qui a recueilli de nombreuses signatures.

Encadrés par trois jeunes étudiants, Corentin (photographe), Laura (biologiste marine) ainsi que Simon - élève ingénieur et créateur de l’association SEA Plastics - nous avons effectué environ un à deux prélèvements d’eau de mer quotidiennement. Chaque prélèvement nous occupait pendant environ une heure, effectué à l’aide d'un filet manta en acier de 25kg équipé d’une bouche de 30cm, et deux ailes qui lui permettent de flotter à la surface de l’eau. A la bouche du manta est relié un filet très fin, se terminant par un collecteur où sont récoltés les échantillons. Pour réaliser ces prélèvements, nous devions tout d’abord mettre le manta à l’eau. Une première équipe se rendait dans la cabine afin de relever avec précision les données GPS et l’état de la mer lors de la mise à l’eau, pendant que la seconde se chargeait de la mise à l’eau. Une fois immergé, nous écartions le manta du bateau en winchant un autre boot afin de protéger le filet de notre propre sillage. Nous trainions ainsi le filet maintenu à la surface de l’eau durant 30 minutes. Une fois sorti, le contenu du collecteur était déversé dans un grand récipient, notre « plastic soup » du jour. Les étapes à suivre s’avèrent plus minutieuses, malgré la gîte : il s’agit de repérer, récupérer et trier les insectes présents pour les envoyer à des entomologistes. Une fois les insectes ôtés du prélèvement, nous enlevons les plus gros morceaux de plastique (et les méduses s’il y en a), en prenant bien soin de les rincer abondamment pour enlever toutes les particules qu’ils contiendraient. Enfin, nous conservons l’échantillon en y ajoutant de l’eau de mer formolée.

Mais alors, que trouve-t’on dans ces échantillons ? est-ce aussi grave qu’on veut bien nous le faire croire ? Oui, oui et re-oui, tristement. Dans la majorité des cas, surtout en zones côtières, le plastique est plus présent que le plancton…en gros, il y a plus de plastique que de vie. Celui que nous avons effectué au large d’Antibes est plus que préoccupant, ne serait-ce que pour les baigneurs à proximité !

Cette semaine à bord d’Expédition Med fut par ailleurs une aventure humaine exceptionnelle : quel bonheur de constater que nous ne sommes pas si seuls à nous soucier réellement de ce qui se passe dans l’eau. Qui de Marine l’humoriste, responsable hygiène et sécurité dans une grande entreprise, Julien, éternel voyageur, ou encore Séverine, actrice et cofondatrice de Watertrek, surnommée « la siesteuse » par l’équipage en raison de son attrait pour les pauses sur le pont avant, pensait se retrouver ici ? Ajoutez-y Hélène, jeune retraitée férue de voile et nostalgique du temps passé à naviguer avec ses enfants, Vanessa, as de la communication tentant de mettre à profit ses compétences pour attirer à nous les dauphins et Virginie, « poisson ascendant marmotte », qui a presque réussi à détrôner Séverine de sa place de « reine de la sieste », et vous aurez la recette d’une semaine entre inconnus réussie. Il n’y a rien de tel que l’amour de la mer pour souder les hommes.

Ces instants passés sur le voilier skippé par l’incroyable Giulio, et avitaillé par la non moins incroyable Michelle a fait germer de nouvelles idées pour Watertrek. Collecter des données peut réellement faire avancer la cause de nos océans, aussi n’est-il pas vain de réfléchir à des manières ludiques d’engager la communauté SUP dans cette tache. 

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