Descente de la Semoy en SUP & collecte de déchets - Fondation Watertrek
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Publié le 17 décembre 2021

Descente de la Semoy en SUP: le carnet de bord sensible du paddler Stéphane

Reynald, Christophe et Stéphane sont respectivement professeurs des écoles et professeurs d’EPS dans le Nord de la France, amis depuis 10 ans et aventuriers depuis 5, sensibles aux questions d’environnement dont ils mesurent de plus en plus l’impact au fil de leurs explorations en paddle, et ils ont récemment entamé la descente de la Semoy dans les Ardennes, sans pour autant s’attendre à y collecter autant de déchets. C’est le watertrekker Stéphane qui prend la plume pour partager avec nous leur surprenant périple :

« 24 août 2021. 10 degrés. Il est 8H30. A hauteur des rapides des Phades (près de Montherme, dans la vallée de la Meuse et Semoy), la rivière Semoy suit sa douce circulation, amenant avec elle une brume fantomatique.  Nous nous préparons à rejoindre le village de Hautes-Rivières, point de départ de notre exploration en SUP. La descente sur 18 kilomètres s'annonce ensoleillée et nous profitons de ces instants que nous offre la nature, hors du temps.

Dès 10 heures, nos trois embarcations filent sous le premier pont et c'est la première alerte : nous sommes brusquement rappelés à la réalité, car Christophe échappe de peu à un pieu rouillé à fleur d'eau. Son SUP est légèrement griffé mais rien de grave, cela reste superficiel...ouf ! De son côté, Reynald travaille son équilibre qui est encore à perfectionner. L'initiation sur le lac des Vieilles-Forges la veille l'a enfin réconcilié avec l'activité. Bien que faible, le courant ne contribue pas à le rassurer complètement. Concentré, il nous laisse à notre exploration du milieu aquatique et de ses berges. Très rapidement, nous découvrons l'ampleur d'une réalité accablante : des sacs plastiques fixés et emmêlés aux branches des arbres, des objets inattendus nous obligent à charger nos SUP pour tenter de redonner au lieu sa beauté originelle. Notre équipement est rudimentaire mais permet tout de même la récupération de quelques trésors malvenus. Les images sont atypiques : Christophe survole l'eau avec une table de jardin en plastique posée sur son SUP. Je récupère une chambre à air de camion et déjà au bout d’une heure de glisse, nous faisons une halte au camping du Faucon à Thilay. Nous y découvrons un nouveau concept de camping - le Glamping - contraction de glamour et camping. La table et la chambre à air sont prises en charge sans hésitation par la propriétaire. La rencontre est très agréable, sympathique, et cela nous encourage à reprendre notre petite expédition.

Nos SUP caressent par deux fois des pneus de tracteur que nous ne tentons même pas de sortir, malgré l’envie dévorante de libérer le lieu de cette tâche d’humanité. Ils sont situés à chaque fois sous un pont et le courant qui s'accélére à cet endroit rendrait périlleuse et probablement stérile toute tentative. Nous tombons malheureusement très rapidement sur d'autres incongruités majeures : deuxième alerte, en tentant d'extraire une chaise de jardin, ma pagaie coule et se retrouve au fond du lit de la rivière, heureusement profonde de seulement deux mètres. Nos embarcations prennent rapidement l’allure de radeaux de misère, jonchés de sacs plastique, d’une bouteille d'adjuvant pleine et - clou du spectacle – d’un matelas d'une personne ficelé et plié en deux... !

Le paddle de Christophe, plus large, peut accueillir facilement les gros volumes et cela permet de continuer notre cheminement vers les rapides de Phades. Ces petits rapides, situés en aval du village d'Haulmé dans un décor proche de celui de la Dordogne, font suite à un portage rendu obligatoire par le franchissement d’un petit barrage. Je récupère juste avant un sac de travaux d’un mètre cube emprisonné dans des branchages et bloqué entre des rochers.

Notre arrivée au camping est un convoi pour le moins inhabituel. Après cinq heures et quinze minutes de navigation, le spectacle de nos embarcations chargées d'improbables matériaux semble venir d'un monde presque burlesque. Les immondes déchets quittent définitivement le lit de la rivière et contrastent avec la pelouse verte et ensoleillée. Nous regardons la berge avec tristesse et désolation. Une petite demoiselle virevolte au-dessus d'eux, quelques instants, mais ne s'y pose pas. Le propriétaire des lieux, circonspect, nous aide sans hésitation à transporter nos trouvailles dans des conteneurs. Il nous offre même une nuit pour trois lors de notre prochain passage, prouvant sa solidarité et sa reconnaissance pour notre démarche.

Cette première exploration de la Semoy en équipe stimule notre imaginaire. Des échanges sur nos futurs descentes se multiplient. Cette pratique du SUP éco-responsable laisse transparaître le plaisir de vivre ensemble une expérience collective authentique doublée d'un intérêt majeur pour la protection des milieux aquatiques (La Semoy se jette dans la Meuse, qui elle-même rejoint la mer du Nord à hauteur de Rotterdam 950 kms plus loin). Rien de contraignant dans cette aventure, le simple bonheur partagé en phase avec le rythme de l'eau et la mosaïque d'une nature toujours aussi surprenante, inspirante et belle. »  

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