Kit scientifique d'identification de microplastique
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Publié le 12 septembre 2017

Expédition microplastiques en Adriatique avec Expédition Med

Pour la seconde fois cette année, Watertrek - en la personne de sa cofondatrice Séverine - rejoignait le voilier scientifique d’Expédition MED affrété par Bruno Dumontet afin de participer à une campagne d'étude des microplastiques en Méditerranée. Après la région de Gènes en 2016, c’est entre Pescara et Venise que Séverine a rejoint le Ainez, le navire du fidèle capitaine Giulio Cesare Giua. Comme l’an passé, l’objectif est de réaliser, à l’aide d’un filet manta calibré, des prélèvements des débris flottants durant 30 minutes afin d'en extraire les plastiques et microplastiques. Le nombre d'échantillons à collecter et les zones d'échantillonnage sont définis en amont par l’équipe scientifique constituée de Tosca Ballerini (docteur en biologie marine), Marion Philippon (service civique au sein d'Expédition MED), Jérémy Mansui (docteur en océanographie) et Laura Frère (docteur en biologie marine). Notre rôle consiste à déployer le filet manta à la surface de l’eau, respecter un cap pendant 30 minutes, puis le remonter pour en extraire le contenu. Les éléments végétaux sont d'abord retirés (herbiers, aiguilles de pin, feuilles), les organismes gélatineux comme les méduses et les béroés sont retirés de l'échantillon, reste un agrégat de plancton, larves et…microplastiques qu’on assèche au maximum. Cet agrégat est ensuite stocké dans de l'éthanol 70 % en attendant d'être analysé par Marion Philippon au sein de l'Université de Bretagne Sud. Ces analyses permettront d'estimer la quantité de plastique présente dans ces échantillons.

Nouveauté cette année : à ce protocole de prélèvements s’est ajouté un protocole de bactériologie, plus délicat, dont l’objectif est d'étudier la "plastisphère" c'est à dire les communautés de micro-organismes qui colonisent les plastiques. Cette recherche est menée en partenariat avec les biologistes Linda Amaral-Zettler et  Erik Zettler (NIOZ-Royal Netherlands Institute for Sea Research), les inventeurs de ce terme "plastisphère". Le plastique est imputrescible, il est donc un milieu formidable pour les virus et bactéries qui ont besoin de stabilité pour se développer. Cela signifie qu'ils sont une siège parfait pour les épidémies, remettant en question le rôle sanitaire des étendues marines qui jusqu’ici permettaient les mises en quarantaine. Que ce passe t’il si la mer ne peut plus nous protéger de certaines proliférations, mais au contraire les encourage par le biais du plastique qu’elle accueille ? C’est pour tenter d'apporter un début de réponse à cette question que ce nouveau protocole va être mis en place à bord du navire, protocole qui exige que nous soyons particulièrement vigilants à ne pas laisser de traces de notre propre ADN sur les échantillons. Nous choisissons un morceau de plastique suffisamment grand dans l’échantillon, le coupons en 3 morceaux : le premier servira à observer les micro-organismes par la microscopie électronique à balayage, le second à identifier les communautés bactériennes par extraction de leur ADN, et le troisième à une analyse chimique afin de confirmer la nature plastique du morceau. Résultat de nos efforts dans quelques mois.

Etre à bord d’Exédition MED, c’est aussi avoir le bonheur de naviguer en compagnie d’un capitaine hors-pair et extrêmement sympathique. Exploration gastronomique des mets italiens, mouillages inattendus et confidentiels, quart de nuit sous l’éclipse, aventures en tout genre: cette année encore Giulio nous a soigné. Malgré le fait que naviguer dans la lagune vénitienne est particulièrement délicat avec un tirant d’eau 1,50m, Giulio nous a fait découvrir des endroits incroyables, et notamment l’île de Pelestrina, un oasis d’authenticité au coeur de la lagune qui nous a gratifié d’une soirée exceptionnelle alors qu’un gars de village accompagné de son accordéoniste et d'une sublime chanteuse d’opéra a offert aux locaux un concert a cappella sur la place du village aussi sincère qu’inattendu. Déficellées du ponton, les habitants de l’ile ont apporté leurs chaises pour s’installer devant l’église accompagner leur ténor dans son répertoire de chansons traditionnelles vénitiennes. Du pur Giulio: généreux, vrai, surprenant. Parce que notre amour pour la voile n’a d’égal que notre amour pour la mer et que c’est exactement pour cela qu’il nous tient tant à coeur de la protéger. 

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